Journée 3 - Lundi

Tous les égyptiens s'appellent Ahmed

Réveil à 5h30 ! La bonne nouvelle ! Départ à 6h30 vers le temple d'Horus à Edfou.
Ihab insiste pour que nous partions de très bonne heure de façon à être dans les premiers sur les sites. Il a parfaitement raison. Les temples, lui, il les connait, nous pas. Etre tranquille, sans foule sur un site archéologique n'a pas de prix.
Il y a deux façons de se rendre à ce temple : en bus climatisé ou en calèche odorisée. Choix n°2. En fait, j'ai pas eu le choix.
Les groupes sont rapidement formés afin de nous caléchéïfier par grappe de 4. Le cocher insiste pour que je monte devant, à côté de lui. Place pourrie, question d'habitude, avec une demi-fesse à l'extérieur de la banquette elle-même penchée en version sortie-express. Le cocher, il s'en tape pharaoniquement, la forme de ses fesses est dessinée, incrustrée, moulée dans le skaï. Pas de risque de chute. Dès le départ, il nous grattifie d'un "roule ma poule !". Visiblement, des intellectuels francophones m'ont précédé.
Le cocher se présente, il s'appelle Ahmed et il est mon meilleur ami.
Pendant qu'il fouette ce pauvre cheval cadavérique, un tenace fumet de crottin nous accompagne tout du long du voyage - 5 minutes au plus. Un astucieux dispositif de récupération du crottin est en place entre l'arrière-train du canasson et mes pieds. Super. Je suis persuadé qu'un vortex emprisonnant le fumet se créé pendant le déplacement, tant l'odeur est tenace. Je vais m'en remettre, mais bon, je dis juste que ça mériterait une étude scientifique.
Ahmed, meilleur guide-cocher du monde, commente le passage devant l'hôpital et la maternité. Et puis Ahmed devient insistant, il veut vraiment savoir si je vais bien, si il peut prendre une photo de moi, si je veux jouer à Ben-Hur, si, si, si... Bon Ahmed, j'ai bien compris que tu veux un bakchich, mais au retour, je ne veux pas rentrer à pince ou payer deux fois la course.
Dorénavant, tous les égyptiens qui ne s'appellent pas Ihab s'appelleront Ahmed.

Edfou, lever de soleil sur unité mobile de traitement des touristes

Temple d'Edfou

Ce temple est réellement impressionnant. Il est massif et visible de loin, ce qui augmente l'effet de démesure. On imagine bien l'égo surdimensionné du pharaon (Ptolémée III) qui a ordonné sa construction. Je commence à faire le rapprochement avec François Mitterrand, sa pyramide et sa grande arche. Gonflé quand même, mais au moins les monuments sont en place et tout le monde en est content.
Ce temple au petit matin avec très peu de monde, c'est bien sympa. Faut en profiter, les hordes de touristes sont à mes trousses.
Petite récompense pour toi qui m'a lu jusqu'ici, photos !

Temple d'Edfou, pylones d'entrée

Temple d'Edfou, mégalo, mais ça en jette !!

Temple d'Edfou, tu sais lire ? Tout est écrit ! Sinon, il y a les images.

Croisiere Nil - Temple Edfou
envoyé par cheri-bibi. - Voyage et découverte en vidéo.

La pagaille des calèches

Tu auras pu constater cher lecteur que je te fais grâce de mes commentaires à caractère historique. Je ne suis pas égyptologue. Il y a des gens qui ont fait des études pour pouvoir faire des commentaires et d'excellents sites dédiés à ce sujet. Je te propose juste sur ce site un bref résumé de 5000 ans d'histoire. On est bien peu de choses !
Question commentaire, Ihab a toujours le mot juste et l'expression percutante. Son ton et son débit sont adaptés à l'auditoire et à la situation. C'est un très bon guide. Content je suis !
Avant de nous laisser vaquer dans le temple, Ihab nous lâche d'un air désabusé : "Tout à l'heure, pour le retour, je vais organiser la pagaille des calèches...".
Là, je crains le pire.
Profiter un maximum, voir, photographier, se souvenir. Avec le peu que j'ai vu, ce voyage est déjà une réussite. Déjà l'heure, vite, retour à la calèche, je suis en retard..
Je ne m'étendrait pas sur les 150 Ahmed postés à la sortie qui essaient de te vendre des djellabah de Chine, des sculptures en résine, des babouches en cuir de dromadaire, des bonbons, de l'eau, du bonheur, de la reconnaissance à vie, etc.
Lah' Shoukran !
Non ! Je ne veux rien !! Juste rejoindre ma calèche !
Lah' Shoukran ! Non, merci !
Enfin, la calèche ! Je m'attendais à un grand spectacle, j'ai été servi. Mate un peu la vidéo...

Croisiere Nil - Temple Edfou - Les calèches
envoyé par cheri-bibi. - Voyage et découverte en vidéo.

Et encore, la vidéo est juste un aperçu : ça entre, ça sort, ça bloque, ça s'engueule, mais ça passe, pas de tôle froissée, je suis surpris.
Retour à bord dans le calme, accompagné du désormais traditionnel fumet, toujours avec une demi-fesse dans le vide, ma place pourrie. Ahmed a eu son bakchich, j'ai vu mon temple, tout le monde est content.
Bloqué dans l'embouteillage, j'ai vu passer un bus climatisé rempli de touristes qui reluquaient avec envie mon moyen de locomotion. Je t'avais dit qu'il y avait deux façons d'y aller à ce naal'dine temple !

Buffet : stratégie et fighting spirit

On n'est pas là pour rigoler ou trainer ! 9h30 : adieu Edfou ! L'appel du large est plus fort que tout. Bon, je sais qu'on voit l'autre rive, mais quand même, faut y aller. J'ai rencard à Kor Ombo cet après midi. Il y a un temple qui m'attend de colonne ferme ! Il attend aussi les 30 bateaux garnis chacun de 100 à 150 pékins dans mon genre...
Navigation vers Kor Ombo donc. La séance matinale de doigts de pieds en éventail me permet d'apprécier la splendeur des rives du Nil. Tout à coup, Danièle, 77 printemps, se rue sur une table venant de se libérer. Elle a l'oeil Danièle, on ne la lui fait pas. Un buffet en plein air avec barbecue est en train de se préparer. Par son acte de bravoure, Danièle permet le positionnement stratégique de quatre français à proximité de la bouffe !! On devrait décerner des médailles dans ces cas là.
Ouverture du buffet ! Feu !! Le pré-positionnement des troupes a permis un avantage décisif dans la mélée. De haute lutte, la France a éradiqué toute prétention des nations adverses sur le buffet. En gros, on est les premiers à déjeuner. Luxe suprême, je peux regarder les affamés debouts dans file d'attente pendant que je sauce mon assiette.
Des questions ?

Petite mosquée de quartier sur les bords du Nil.

Touch and Go à Kor Ombo

L'entraînement d'un pilote de chasse comporte, entre-autres, un exercice délicat : le "Touch and Go".
Comme son nom l'indique, le pilote va travailler sa précision, son habilité, sa maîtrise. L'exercice consiste à approcher pour atterrir, toucher la piste une fraction de seconde et remettre les gaz, auréolé d'un halo de gloire et de kérozène dans le soleil couchant.
Moi je pense que les Tour Operators connaissent cet exercice de voltige et qu'ils ont réussi à le transposer aux Unités Mobiles de Transport de Touristes (UMT2 pour les intimes, bateau pour le vulgaire). Il n'en est pas possible autrement.
"Touch and Go à Kor Ombo", ça fait un peu titre de James Bond ou OSS117. SAS, non ?
Toujours est-il qu'avec une arrivée à 15h00 et un départ à 17h00, je n'ai pas trouvé d'autre ellipse narrative, cher lecteur. Tu me suis ? Non ? Pas grave, photos et tu peux dire : OOOoooohhh ! C'est beauuuuuuuu !!!

Temple de Kor Ombo, façade

Temple de Kor Ombo, détail d'une colonne

Temple de Kor Ombo, la nuit, comme tu t'en doutes

Temple de Kor Ombo, poulets ou Horus, au choix

Terminus Assouan

Assouan que l'on prononce "Assouane" est la dernière grande ville avant la frontière avec le Soudan. C'est aussi la ville où a été construit le fameux barrage qui a créé le lac Nasser.
Accostage à 21h00. Spectacle de danses nubiennes. Y'en a qui aiment. J'ai jeté un oeil à peu près 5 secondes avant de me précipiter dans ma cabine, affligé.
Demain est une autre journée qui va - encore - commencer à 5h30 !!!

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